Analyse des risques de l’insecticide Gaucho vis-à-vis des abeilles : la démarche utilisée

Est-ce que l’outil-méthode KerAlarm peut être appliqué dans des cas de controverse scientifique, accompagnée par un conflit entre les acteurs ? En d’autres termes : est-ce que KerAlarm est un outil assez flexible pour être appliqué aussi bien à des cas conflictuels ? Quels sont les changements dans le mode d’utilisation de l’outil imposés par le caractère disputé du statut des connaissances scientifiques ? Est-ce que l’outil permet de représenter et analyser une situation caractérisée par la « création sociale de l’incertitude » ? Cette question se pose notamment par rapport à l’utilisation de la Matrice de Délibération : est-ce que le calibrage des indicateurs avant le processus d’évaluation lui-même (avec les acteurs) est toujours possible ?

 

Dans le grain en prolongement « Description de la problématique », nous décrivons le cas des risques de l’insecticide Gaucho® pour les abeilles, tel qu’il a eu lieu en France entre 1994 et 2004. Dans le grain en prolongation « Espaces de KerAlarm utilisés », nous précisons quels sont les espaces de KerAlarm mobilisés dans la présente étude de cas, parmi lesquels la Matrice de Délibération joue le rôle central. Les grains en illustration « les Acteurs », « les Enjeux », et « les Scénarios » permet de définir les axes de la Matrice de Délibération (acteurs, enjeux et scénarios), les indicateurs candidats et de présenter la manière de structuration de l’étude de cas à travers les résultats de l’analyse multi-acteurs multicritère, d’abord dans leur ensemble et par la suite enjeu par enjeu, respectivement scénario par scénario. Dans les grains « L’utilisation de la « mini-foire aux indicateurs » pour la mise en évidence des enjeux de qualité de la connaissance scientifique dans le débat social : la démarche utilisée » et suivants, nous mobilisons en plus de la Matrice de Délibération un deuxième espace de KerAlarm, à savoir la mini-foire aux indicateurs, pour la mise en évidence des enjeux de la qualité de la connaissance scientifique, dans le débat social. L’application de ces outils permet de rendre claires les positions de chaque acteur (ce qui n’est pas le cas dans les débats dans l’arène publique) et de structurer l’évaluation de la qualité de la connaissance selon deux axes :

  • l’axe temporel, qui permet la description de l’évolution du tandem connaissance – enjeux socio-économiques en rapport avec les actions des acteurs ;
  • l’axe des objets scientifiques qui ont fait l’objet de la controverse.

 

Les conclusions nous amènent à considérer nécessaire la mobilisation (voir grain « La création discursive de l’incertitude dans le débat autour de l’origine multifactorielle des troubles des abeilles en France : la démarche utilisée » et suivants) d’un troisième espace de KerAlarm, à savoir EQC (Évaluation de la Qualité de la Connaissance), pour l’exemplification du concept de « incertitude socialement construite » et pour la mise en évidence de ses modalités d’existence dans le débat étudié, notamment par rapport la surdétermination sociopolitique de la construction de la relation de causalité.

 

Les objectifs de ces deux exercices, le premier ayant été fait sur une base documentaire, et le deuxième sur la base d’interviews avec les acteurs concernés, sont de montrer plus particulièrement les mécanismes socio-économiques de la « construction sociale de l’incertitude », de décrire les effets de cette forme d’interaction sociale sur la décision politique, tout en expérimentant l’usage de la « boîte aux outils » KerAlarm.