Les objectifs de l’outil KerAlarm

 

Les questions que l’on se pose aujourd’hui devant les changements de la biodiversité sont multiples : Qu’est-ce que la biodiversité ? Pour quoi s’en préoccuper ? Quel est finalement le problème ? Quelles sont les causes de son érosion ? Que peut-on faire ?

 

L’interaction entre l’Homme et la biodiversité et le rôle de celle-ci dans nos vies ont un caractère particulier, par le fait que, avant que des « solutions » ne soient trouvées aux problématiques soulevées par ce que certains appellent la sixième extinction en masse, on constate que la nature même du vivant semble sujette à une multitude de modes d’appréhension. Les raisons invoquées par certains pour se montrer préoccupés par les changements de la biodiversité sont pour d’autres de faux signaux d’alarme, qui ont en plus un effet potentiellement négatif sur les acquis de certains de nos systèmes économiques, et ceci d’autant plus qu’on n’a le plus souvent, au niveau local, qu’une vague idée de l’ampleur de ces changements. Le « problème de la biodiversité » n’étant donc pas défini par avance, un outil d’aide à la délibération ne peut pas tout simplement proposer de dresser une liste de questions – réponses.

 

Fruit du constat des allers – retours continus entre la formulation des questions et les concepts de solutions envisageables, KerAlarm (aussi appelé « Biodiversité Europe SMMAAD ») se propose d’aider ses utilisateurs à « naviguer dans l’incertitude », pour permettre un processus de structuration – à la fois des interrogations et des éventuelles réponses. Il s’agit donc de leur permettre de définir le problème, de formuler des options claires de réponse à ce problème, et de juger ces alternatives d’action en fonction de critères clairement établis, dans un processus dialogique qui allie les opportunités d’apprentissage, de découverte et de contribution.

 

En tant qu’outil, KerAlarm est un exemple de la nouvelle génération des TIDDD (Tools to Inform Debates Dialogues & Deliberations). Le terme générique de TIDDD a été créé dans le cadre du JRC (Joint Research Centre) (Guimarães Pereira et Corral Quintana, 2002, Guimarães Pereira et Funtowicz, 2003, 2006b, Guimarães Pereira et al., 2005, O’Connor, 2006b), étant définis comme de suite : "tools that inform and mediate processes of debate, dialogue or deliberation which involve social actors of a governance, policy or decision processes(Guimarães Pereira et Funtowicz, 2005, pp. 76). Le terme correspondant utilisé en français, crée dans le cadre de l’équipe IACA du C3ED par Martin O’Connor, est « Systèmes Multimédia d’Apprentissage et d’Aide à la Délibération » (SMMAAD).

Deux versions de Ker-ALARM existent:

 

Les TIDDDs poursuivent les expériences héritées des outils DST (Deliberation Support Tools) ou, en français, « Outils d’Aide à la Délibération » (OAD). Leur objectif principal est d’offrir des opportunités pour le dialogue et la discussion sur la « qualité » de l’information fournie sur un changement environnemental ou un ensemble d’enjeux de gouvernance. Ce dialogue peut se focaliser sur une catégorie individuelle d’information (e.g., un indicateur ou une variable d’un modèle) ou sur des objets composites plus complexes (e.g., un modèle, un scénario ou une carte).

 

Dans la perspective de la famille d’outils dont il fait partie, KerAlarm propose à l’utilisateur d’obtenir (par de divers processus, d’apprentissage, d’innovation, de sélection…) l’information qui est considérée comme « la meilleure » pour guider ses actes effectifs dans le monde. La finalité de ce processus complexe est de faciliter la réaction (l’action ou l’inaction) aux changements de la biodiversité, de répondre donc à la question « que faire ? ».

 

Une décision peut être individuelle ou collective et repose sur le choix de l’information qui a la qualité requise pour agir. Mais les utilisateurs ont des questionnements différents par rapport à une même réalité ou objet (la biodiversité). KerAlarm devrait donc pouvoir offrir à chacun la possibilité de répondre à sa propre manière. Pour cette raison, sa construction exploite des allers-retours permanents entre le rôle de la qualité de l’information pour un individu et la qualité de l’information dans des processus collectifs – ces derniers étant eux-mêmes d’une grande diversité. Pour les mêmes raisons liées à la pluralité légitime des modes d’appréhension de l’objet biodiversité et de la multiplicité des dimensions de l’incertitude, la structure de l’outil exploite aussi bien des considérations de qualité scientifique, que d’autres portant sur la pertinence de l’information pour guider l’action (individuelle et collective) dans la société (O’Connor et al., 2005, O’Connor 2006a)