Les impacts
Pour définir les Impacts, nous utilisons le concept de fonction environnementale : Les IMPACTS sont des changements dans les fonctions environnementales qui affectent (négativement) les dimensions sociale, économique ou environnementale, et qui sont déterminées par des changements dans l’État de la biodiversité.
La notion de fonction environnementale exprime la capacité des catégories de l’environnement d'effectuer des services qui contribuent au bien-être humain. Le choix de ce concept pour définir les Impacts a deux raisons : d’une part, étant donnée la multifonctionnalité des composantes de l’environnement, il est préférable de raisonner en termes de fonctions environnementales (Figure 1.). D‘autre part, le concept répond au souci d’intégration des trois dimensions du développement durable : environnementale, sociale et économique.
O’Connor (Noël et O’Connor, 1998) distingue deux catégories de fonctions environnementales les « fonctions DE » l’environnement et les « fonctions POUR » les humains. Les « fonctions DE » la biodiversité sont les processus et les cycles dans le fonctionnement interne des écosystèmes, qui sont responsables de leur résilience. Les « fonctions POUR » sont celles qui offrent le bien-être humain. Une fois la structure de l’écosystème modifiée, son fonctionnement change aussi ; pour cette raison, les changements d’État peuvent déterminer des changements indésirables dans les fonctions « DE » l’écosystème. Mais les fonctions « DE » l’écosystème représentent la base pour ses fonctions « POUR » les êtres humains, ainsi les changements dans la structure et le fonctionnement de l’écosystème peuvent se traduire par une perte de fonctions environnementale pour les sociétés et les économies humaines.
Il existe plusieurs classifications des fonctions environnementales. Une d’entre elles, qui représente une des dimensions de structuration du Jardin Virtuel de la Biodiversité et qui a été développée par Noël et O’Connor (1998), a été présentée dans le lien en préalable. Une autre classification, proposée par Millenium Ecosystem Assessment (MEA, 2003), distingue quatre catégories de fonctions (ou services) de l’environnement :
- « de support » (e.g., le recyclage des nutriments, la formation du sol, la production primaire) ;
- « d’approvisionnement » (e.g., aliments, eau propre, bois et fibres, etc.) ;
- « de régulation » (e.g., régulation du climat, des maladies, etc.) ;
- « culturelles » (e.g., esthétique, spirituelle, éducative, récréative).
Figure 1. Impacts sur les services environnementaux
La critique principale qui a été portée au concept de fonction environnementale concerne sa vision apparemment utilitariste des écosystèmes. Le concept serait incomplet car il ignorerait les changements des écosystèmes qui ne sont pas directement pertinentes pour les « usages » humains de la nature. Pour éviter la fausse compréhension de notre usage du terme, nous précisons que notre définition de ce concept dépasse largement la seule signification d’ « usage », qui est évidemment incomplète pour décrire la complexité des relations entre l’homme et les autres êtres vivants de son environnement.
En tant que formes de vie, les êtres humains sont inévitablement dépendants du maintien de la biosphère, qui assure les conditions physiques qui rendent la vie humaine sur terre possible. Celles-ci sont représentées par les fonctions « de régulation » et « de support » (MEA), ou par les fonctions « support de vie » (5S’). Par ailleurs, aussi bien les bénéfices matériels que d’autres moins tangibles liés à la biodiversité sont inclus dans notre définition du concept de « fonction ». Les fonctions « source », « puits » et site » (« POUR »), sans doute essentielles, ne représentent néanmoins qu’une indication partielle de la dépendance de l’être humain par rapport à la nature. Les fonctions « paysage » (ou « culturelles ») expriment ainsi la dimension culturelle / spirituelle / informationnelle de la biodiversité : accomplir ses besoins personnels (liberté, récréation, santé psycho-mentale, attitude morale) et collectifs (tissu social, normes et valeurs, symboles, identité culturelle). La responsabilité pour la protection des êtres vivants qui n’ont aucune « utilité » directe pour les êtres humains est une conviction éthique, et le sens moral n’est pas moins un besoin pour la très grande majorité des êtres humains. Il est évident que ces dernières catégories de fonctions « POUR » évoquées n’ont aucune composante utilitariste, dans le sens qu’elles sont liées au fonctionnement de la sphère économique.
En général, la notion d’Impact est utilisée pour indiquer des changements « négatifs » ou « indésirables ». Elle devrait pour cela retenir l’attention de la décision politique. Notre définition confirme cette approche, tout en reconnaissant que la caractérisation de « négative » est le résultat combiné de la recherche scientifique rigoureuse et des processus sociaux diffus.