Perspectives de développement d'une agriculture durable

Les perspectives de développement d'une agriculture durable en France sont délicates à prévoir. En effet, les agriculteurs ne pourront pas développer ces systèmes agricoles de façon conséquente si le seul modèle agricole proposé correspond « de façon certes schématique » aux seules lois du marché de l'offre et de la demande. Une politique de soutien à ce type d'agriculture implique obligatoirement un projet politique partagé par les acteurs qui doit aussi tenir compte des règles communautaires ainsi que des règles issues des accords contractés à l'organisation mondiale du commerce (OMC). Même si le récent bilan de santé de la PAC devrait permettre de corriger certains effets négatifs de la PAC, ces nouvelles règles contribueront encore indirectement à promouvoir certains systèmes agricoles non durables (élevages intensifs hors sol, mono culture irriguée, etc..), intensification et spécialisation encore plus forte des systèmes laitiers compte tenu de la suppression programmée des quotas laitiers pour 2014.
Malgré la difficulté de prédire la place des systèmes agricoles durables dans l'évolution des types d'agriculture, il est intéressant de relire les travaux du groupe de la Buissière (Poux et al, 2005). Ces derniers ont permis d'élaborer quatre types de scénario qui interrogent sur les relations agriculture et environnement en France à l'horizon 2025.

Les quatre scénarios à l'horizon 2025 pour l'agriculture

Source : Poux X. et al, 2005

La place de l'agriculture durable se situerait essentiellement dans le scénario 4.
En définitive, l'agriculture durable n'est pas une fin en soi. La mise en œuvre d'un véritable projet pour une agriculture durable dans les politiques publiques impose une rupture dans certains grands principes ou règles actuelles mais aussi un changement dans nos comportements de consommateurs (sensibilité environnementale, changement de nos modes de consommation, acceptation du coût d'une rémunération des services non marchands par la société, etc... Ce défi ne parait pas plus ambitieux et difficiles à mettre en œuvre que les précédents défis relevés par ceux qui ont construit LA réforme des soutiens de 1992. Aucun scénario ne s'imposera de lui-même. C'est un projet essentiellement sociétal co-construit qui repose sur un mode de développement replaçant les acteurs agricoles et leurs activités dans leur environnement social mais aussi naturel (c'est-à-dire qui tienne compte des potentialités du milieu, de ses atouts mais aussi de la fragilité de certaines ressources sur le long terme).