Le Dourdannais en Hurepoix : identifier et structurer les scénarios
Trois scénarios ont été développés sur la base de la revue de littérature et des entretiens. L’objectif final de ces scénarios n’est pas de décider quel sera l’avenir de la CCDH mais de discuter des avenirs souhaitables. Ce débat de société est un préalable utile à toute prise de décision dans la mesure où les décisions techniques ou les incitations économiques seules n’ont que peu d’intérêt si la finalité de ces mesures n’a pas été débattue. Ainsi, la définition des mesures à prendre pour atteindre ce/ces futur(s) mis en avant par les acteurs sera une étape ultérieure.
Suite aux entretiens avec les participants, trois avenirs possibles pour le territoire ont été définis à l’horizon 2025.
- Un plateau de céréalicultures agro-efficace.
- Une demande locale pour une valorisation de l’agriculture.
- Une forte urbanisation limite le potentiel agricole.
L’objectif de la première réunion (Session 1, Étape 4), était de discuter de la plausibilité de ces différents scénarios en débattant de leurs paramètres. Un scénario a été ajouté à la demande des participants.
- Le « site de Dourdan », un territoire composite.
Les quatre scénarios jugés pertinents par les participants de l’évaluation sur la CCDH sont présentés en détails ci-après.
Le territoire un plateau de céréalicultures agro-efficace
En 2025, la céréaliculture reste le fleuron des communes du territoire. L’agriculture est fortement intégrée dans un système agroalimentaire dont les normes s’imposent aux producteurs. Une forte division territoriale entre production végétale et animale limite la compréhension de l’agriculture par les habitants de la zone qui ne cherchent pas à s’impliquer dans un territoire incompris. Les agriculteurs ne bénéficient presque plus des aides de la PAC ; le premier pilier ayant disparu et les agriculteurs profitent peu des aides du deuxième pilier. Mais la France a mis en place une politique d’appui à la filière agro-industrielle (en maintenant l’ensemble « Marchés et revenus agricoles » des concours publics à l'agriculture), avec un objectif de modernisation compétitive des entreprises agricoles dans un contexte de concurrence européenne et mondiale, distribuant les aides nécessaires à la durabilité économique des exploitations.
Les débouchés des agriculteurs se sont diversifiés avec le développement des agro-carburants. Ainsi, la hausse des prix de la fin des années 2010 s’est maintenue. La culture de certains OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) est devenue légale, et quelques agriculteurs les utilisent, notamment pour la production d’agrocarburants.
La demande environnementale est essentiellement soutenue par des organisations de consommateurs et se limite à des garanties de sécurité sanitaire et alimentaire. Les règlements et les programmes d’interventions sont décidés en concertation entre les pouvoirs publics et les acteurs économiques. Ainsi, la régulation publique s’efface et fournit un cadre très général, fixant des objectifs pragmatiques et concentrés sur les ressources en eau.
Les tentatives de changements structurels de production ou de vente ont échoué, au profit d’une adaptation essentiellement technologique aux problèmes environnementaux avec une gestion des flux de polluant (agriculture de précision entre autre). Quelques problèmes de productivité ont été observés sur la zone et la pression sur l’espace s’accroît : un recul des espaces agricoles se fait sentir. En effet, même si les Zones naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) déjà existantes sont maintenues, la CCDH n’ayant pas voulu intégrer le Parc Naturel Régional (PNR) de la Haute Vallée de Chevreuse, elle n’a pas pu tirer profit de son label pour développer des « agroparcs », répondant aux besoins récréatifs portés par des urbains.
Ainsi, le territoire suit la demande sociale, en intégrant l’environnement dans ces problématiques, mais les outils (modes d’action réglementaires et agronomiques) sont inadaptés pour réellement la contenter. Des conflits sont latents, portés par les « perdants » de ce scénario (association environnementale et les distributeurs d’eau par exemple) qui exigent mieux qu’un environnement « aux normes ».
Une demande locale pour une valorisation de l’agriculture
En 2025, la CCDH a adhéré au PNR de la Beauce, récemment crée sur l’impulsion de la commune d’Etampes. Elle a décidé, à l’aide de la structure institutionnelle du PNR, d’intégrer les habitants et l’ensemble des acteurs de la zone dans les processus de décision. Ces rencontres, peu fonctionnelles à leur début, ont pris par la suite de l’importance, avec des citoyens vivant une nouvelle identité territoriale. En effet, cette expérience a conduit les acteurs à comprendre le rôle de chacun, notamment en matière d’implication des activités agricoles dans la gestion des ressources naturelles. La pression urbaine continue de se faire sentir, mais les élus, en collaboration avec les autres acteurs du territoire, ont décidé de construire « la ville sur la ville ».
Ainsi, les agriculteurs ont retrouvé une reconnaissance de leurs activités. Outre leur fonction de production, ils sont reconnus pour leur fonction de paysagiste et de détenteur de connaissances utiles pour réfléchir leur relation avec l’environnement. Les agriculteurs ne bénéficient plus des aides découplées de la PAC, le premier pilier ayant disparu. Mais le deuxième pilier de la PAC s’est renforcé et la France a mis en place, à travers les concours publics à l'agriculture (seuls les ensembles « Développement rural » et « Sécurité sanitaire des végétaux et des animaux » ont été maintenus), une politique d’appui à la filière agro-industrielle avec un objectif de maintien d’une dynamique territoriale dans les zones rurales, distribuant les aides nécessaires à la durabilité économique des exploitations. Par ailleurs, leur présence au sein du PNR leur permet de bénéficier de visibilité touristique et d’une forte identité territoriale.
La valorisation de produits locaux a développé une attractivité en matière d’emploi, favorisant les initiatives innovantes dans le secteur. Des changements structurels se mettent en place. Les relations entre agriculteurs et consommateurs se sont renforcées pour créer un lien fort de collaboration. C’est dans cette dynamique de communication que se sont crées des AMAP et d’autres filières courtes, dont certaines à un niveau régional. Comme exemple notoire de ces dernières, la plupart des communes ont mis en place des filières courtes pour la restauration collective. Pour fournir ces filières courtes, en outre des céréales, le maraîchage et l’aviculture se sont peu à peu redéveloppés sur le territoire. Parallèlement, des plateformes de méthanisation des déchets agricoles sont apparues. Les exploitations se sont aussi tournées vers la pluriactivité (tourisme et réception, vocation éducative). L’agriculture a donc développé sur son territoire la valeur ajoutée qu’elle pouvait proposer.
Conjointement à cette évolution des relations entre consommateurs et agriculteurs, deux types d’agricultures prennent peu à peu le pas sur l’agriculture conventionnelle : l’agriculture biologique (AB) et l’agriculture de précision. Le point commun de ces deux pratiques, c’est qu’elles nécessitent une vigilance de tous les instants, une maîtrise de la physiologie végétale et animale ainsi que les méthodes de lutte intégrée.
Les effets sur l’environnement de ces changements sont positifs. On voit la biodiversité s’améliorer sur l’ensemble de la zone et les ZNIEFF sont parfaitement intégrées sur le territoire, permettent aux espèces de migrer ou de se déplacer facilement. L’ensemble des parties prenantes est attentif à l’évolution de la pression foncière qui se fait de plus en plus sentir, en cherchant à densifier les zones urbaines pour limiter le mitage des espaces agricoles. Ceci est possible, car ces nouvelles activités agricoles sont concurrentielles par rapport aux autres activités industrielles ou de services. Ainsi, seules les exploitations n’ayant pas pu diversifier leur activité disparaissent au profit de l’urbanisation.
Une forte urbanisation limite le potentiel agricole
L’urbanisation qui, pendant de très nombreuses années, n’a pas fait l’objet de grande inquiétude sur le territoire, prend aujourd’hui, en 2025, une ampleur telle qu’elle consomme grand nombre d’espaces agricoles qui étaient pourtant reconnus comme très fertiles. Cette urbanisation est due à l’attractivité économique du département présentant des activités performantes sur le plan de l’innovation et de la recherche. De nombreux jeunes cadres se voient proposer des salaires attractifs. Or les jeunes cadres sont des consommateurs de prédilection, puisqu’ils entrent dans une période où ils emménagent, donnent naissance à leur premier enfant...
Les élus des communes ont longtemps résisté contre le mitage agricole en favorisant la densification urbaine. Néanmoins, aucun processus de discussion ne s’est mis en place avec les acteurs en amont (instances départementale et régionale) et en aval (population : agriculteurs et consommateurs). Ainsi, se sentant peu soutenus, ils ont cédé aux offres des promoteurs immobiliers. C’est donc toute une activité de commercialisation, de transports et les nombreux emplois associés qui se sont développés sur la zone, pour mettre à disposition de ces consommateurs des produits et services adaptés à leurs besoins.
Le développement de ces infrastructures (routes, grandes surfaces, habitations) a confiné la diversité biologique dans des espaces clos, sans capacité de migrer vers des espaces plus vastes et plus cléments pour leur développement. Une disparition continue d’espèces est observée due aux pressions fortes sur les espèces les plus fragiles (concurrence végétale, prédation, pression démographique animale élevée).
Les exploitations restantes, devenues des exploitations périurbaines, ont su pour une partie réagir en développant des filières courtes sur des produits à forte valeur ajoutée (production de céréales pour les besoins en pains, farines, viennoiseries; aviculture transformée localement). Les autres ont disparu laissant la place à des friches fortement prisées par les promoteurs immobiliers.
Le « site de Dourdan », un territoire composite
En 2025, le territoire n’a pas réussi à identifier un projet global de développement territorial. Les différents acteurs ont essayé à plusieurs reprises de se mettre à la table des négociations, mais celles-ci n’ont jamais abouti. L’urbanisation qui, pendant de très nombreuses années, n’a pas fait l’objet de grande inquiétude sur le territoire, prend aujourd’hui, en 2025, de l’ampleur et grignote un peu plus chaque année des espaces agricoles. Cette urbanisation est due à l’attractivité économique du département présentant des activités performantes sur le plan de l’innovation et de la recherche.
La céréaliculture reste cependant le fleuron des communes du territoire. L’agriculture est fortement intégrée dans un système agroalimentaire dont les normes s’imposent aux producteurs. Les agriculteurs associés à ce système ne bénéficient presque plus des aides de la PAC. Le premier pilier a disparu et ils profitent peu des aides du deuxième. Mais la France a mis en place une politique d’appui à la filière agro-industrielle (en maintenant l’ensemble « Marchés et revenus agricoles » du concours public à l'agriculture), avec un objectif de modernisation compétitive des entreprises agricoles dans un contexte de concurrence européenne et mondiale, distribuant les aides nécessaires à la durabilité économique des exploitations. Les débouchés de ces agriculteurs se sont diversifiés avec le développement des agrocarburants. Ainsi, la hausse des prix de la fin des années 2010 s’est maintenue. La culture de certains OGM est devenue légale, et quelques agriculteurs les utilisent, notamment pour la production d’agrocarburants.
D’un autre côté, les initiatives du début du siècle de mise en place de filières courtes se sont développées en nombre et en importance, même si elles restent minoritaires sur le territoire (environ 5% des agriculteurs). Les agriculteurs y participant bénéficient des aides du deuxième pilier de la PAC ; ayant couplé la vente en filières courtes avec des exigences environnementales fortes. Par exemple, certaines communes ont mis en place des filières courtes pour la restauration collective, et de nouvelles AMAP se sont créées. Pour fournir ces filières courtes, en outre des céréales, le maraîchage s’est un peu développé sur le territoire. Parallèlement, environ un tiers des exploitations se sont aussi tournées vers la pluriactivité (tourisme et réception). L’agriculture a donc développé sur son territoire un peu de la valeur ajoutée qu’elle pouvait proposer.
Sur l’ensemble du territoire, les tentatives de changements structurels de production ou de vente ont échoué, au profit d’une adaptation essentiellement technologique aux problèmes environnementaux avec une gestion des flux de polluant (agriculture de précision entre autre). Les effets sur l’environnement de ces changements sont mitigés. On voit la biodiversité s’améliorer sur l’ensemble de la zone grâce à la réduction des intrants, mais de réels progrès ne sont observés que sur les exploitations bénéficiant du deuxième pilier de la PAC.
Ainsi, le territoire suit la demande sociale, en intégrant l’environnement dans ces problématiques, mais les outils (modes d’action réglementaires et agronomiques) sont inadaptés pour réellement la contenter. Des conflits sont latents entre les associations environnementales et de consommateurs qui exigent mieux qu’un environnement « aux normes » et certains agriculteurs.