Chaînes Globales de Valeur : Vers une Gouvernance plus Responsable?

L’intervenante Madame Laurence BEIERLEIN, chercheur à l’Université Paris Est de Créteil, a effectué un discours lors du colloque se déroulant au CNAM (conservatoire national des arts et métiers) le 13 novembre 2015. Son discours portait sur le dramatique incident qui a eu lieu dans une usine de textile du Bangladesh le 24 avril 2013.

Madame Laurence BEIERLEIN a débuté son exposé en évoquant le fait que la conscience du développement durable s'acquiert par l'arrivée de catastrophes. Si ce constat est regrettable, il n'en demeure pas moins vrai et applicable aussi bien dans le secteur primaire, secondaire et tertiaire. L’étude de l'usine de textile au Bangladesh confirme cette théorie puisqu'en effet, l'effondrement de l'immeuble de confection du Rana Plaza, il y a deux ans de cela a fait plus de mille victimes.

Les conditions de travail à bas coût de production sont certes une façon de réguler l'activité économique mais constitue un risque non négligeable à la fois pour les travailleurs et pour l'environnement. C'est la raison pour laquelle un accord a été approuvé par l'Organisation Internationale du Travail (l’OIT) afin d'améliorer les conditions de travail. Les députés ont demandé que le Parlement débatte rapidement d'une proposition de loi imposant aux entreprises un devoir de vigilance aux sociétés faisant appel à des sous-traitants hors d'Europe. Ils ont aussi exhorté « les entreprises françaises du textile et de la grande distribution ayant des partenaires commerciaux au Bangladesh à participer au fonds d'indemnisation des victimes du Rana Plaza » d'un montant de 40 millions de dollars. Par ailleurs, seulement 1590 usines sur 5000 ont été visitées, l’objectif étant de s'assurer du respect des nouvelles conditions. Dans un souci de transparence, ces rapports ont été mis en ligne et il reste aux entreprises à corriger les problèmes soulevés. Cette catastrophe a jeté une lumière crue sur les conditions de travail dans des pays à très bas salaires: au Bangladesh, (quatre fois inférieurs à ceux de la Chine). Le Rana Plaza a aussi pointé la responsabilité des marques occidentales qui se fournissent dans ce pays, souvent par l'intermédiaire d'une cascade de sous-traitants avec lesquels elles n'ont pas de contacts directs et dont elles ignorent même l’existence. Si les donneurs d'ordre se montrent plus regardants, le pays reste incontournable. En effet, le Bangladesh reste très attractif si bien qu’un an après la catastrophe, à part Disney, peu d'entreprises ont quitté ce site. En revanche, elles sont nombreuses à tenter de trouver d'autres sous-traitants dans d'autres pays. Pour clarifier la filière, 150 entreprises internationales ont signé un accord sur la sécurité et les risques d’incendie au Bangladesh (Fire and Safety Agreement).

Certaines entreprises s'engagent à financer des audits dans 1700 usines mais aussi à maintenir le volume de commandes au moins au même niveau pendant cinq ans. Actuellement si les conditions de travail sont en nette amélioration dans ce pays, il reste encore beaucoup à faire pour atteindre les standards de sécurité.