Mardi 10 déc - Table ronde 1 "Développement territorial, Evaluation, aide à la Délibaration"
La table ronde revêtait deux principaux objectifs : Montrer comment les thématiques d’étude des doctorants interrogent le fonctionnement du territoire et, quels sont les outils d’aide à la délibération mobilisés pour faciliter le développement territorial. Le déroulement de la discussion a été orchestré Isabelle Nicolaï (Pôle INET, REEDS à Guyancourt). Yoann Verger, premier étudiant à présenter ses travaux, à pour sujet de thèse « Transition écologique et économie stationnaire : la question de l’intégration territoriale des bioraffineries». A l’échelle du territoire l’intégration d’une bioraffinerie pause effectivement de nombreuses questions soulevées au cours de la table ronde :
- Une question énergétique, c’est-à-dire dans quel mesure les bioraffineries peuvent contribuer à l’indépendance ainsi qu’à la transition énergétique des territoires ?
- La question de l’investissement dans ces technologie, soit qui pour financer ces projets ? Question qui sous-tend celle de la rentabilité économique de ces installations.
- La mise en place d’un réseau d’alimentation des bioraffineries en déchets organiques et de débouché dans l’agriculture pour résidus solides issus du processus (digestats), soit la mise en place d’une économie circulaire au sein du territoire
- La question de la compétence humaine. A qui déléguer la gestion des unités de méthanisation ? Sachant que ces technologies nécessitent des connaissances spécifiques
La réflexion menée par Yoann Verger dans sa thèse cherche à répondre à ces différents questionnements. Il s’appuie notamment sur les travaux de H.E. Daly concernant l’économie stationnaire, l’objectif final étant de construire un modèle « économico-écologique stationnaire» potentiellement inspiré des modèles de production jointe développés par O'Connor et Douguet. Mathias Bouckaert mène sa thèse dans le cadre de la Chaire Campus Durable, dont le projet phare est la construction d’un outil d’évaluation des performances des campus par rapport au développement durable (l’Observatoire des Campus Durables). Il s’est donc approprié ce projet, et prépare une thèse sur le thème suivant : « Les campus durables en France et à l’international : L’évolution des usages de demain, au service de l’excellence académique et scientifique ». Sa problématique interroge le fonctionnement du territoire à travers la question de l’ancrage territorial des universités, soit la question des relations des universités avec la société. Il s’agit alors de voir comment elles contribuent au développement de son territoire à travers la diffusion de connaissances d’innovations mais aussi les partenariats qu’elle peut établir. Plus globalement, l’objectif de l’Observatoire des Campus Durable est d’avoir une vision de la question du développement durable appliqué aux universités tant dans sa dimension responsabilité que développement. C’est-à-dire que l’outil va intégrer non seulement des indicateurs de responsabilité sociale et environnementale mais aussi des indicateurs propres au développement (performance de la recherche et de l’enseignement, diffusion de connaissances...). C’est donc tout un travail de construction d’indicateurs à que Mathias Bouckaert a à engager. Il mène se travail à travers l’étude d’outils d’évaluations existants (des outils d’évaluation de développement durable, les critères classement des universités et les outils pour l’évaluation des performances en termes d’enseignement et de recherche) avec la possibilité d’utiliser les outils développés par REEDS pour développer une analyse multicritère. La thématique d’étude de Laetitia Fouossong est «Stratégie d’entreprise et partenariats innovants pour le développement durable ». A travers ce sujet elle s’interroge sur comment, à partir de questions liées au développement du territoire, on arrive à des questions de responsabilité sociétale et environnementale. Elle aborde ce sujet sous l’angle d’une entreprise soucieuse d’adopter ces principes mais qui cherche également à faire des bénéfices. Elle axe son travaille sur l’étude et l’adaptation d’outils déjà existant (tel que le système d’évaluation des entreprises « Best Practice » par exemple) et la consultation d’acteurs afin de construire puis affiner un outil pratique permettant aux entreprises d’intégrer des préoccupations environnementales et sociétales à leur stratégie. Borislav Antonov mène sa thèse en partenariat avec l’institut VéDeCom (Institut du Véhicule Décarboné Communicant et sa Mobilité). L’institut mène un travail de recherche autour des véhicules électriques et des véhicules autonomes (c’est-à-dire sans conducteur) ainsi que sur les nouvelles solutions de mobilités qui se développent autour de l’automobile (co-voiturage, voiture en libre-service...). A travers sa thématique « Outil d’aide à la délibération de solutions de mobilité pour les collectivités », il mène une réflexion sur l’intégration de nouvelles solutions de mobilité au sein d’un territoire. Celle-ci passe notamment par l’intégration paysagère des infrastructures de transport ou encore par la question de l’acceptation des innovations par les habitants du territoire (ici particulièrement la question des véhicule autonome). La méthodologie adopté par le doctorant s’appuie sur l’utilisation d’outils d’aide à la délibération développé par REEDS afin de structurer le problématique avec à la foi les différents acteurs et les enjeux existants. Benoit Mougenot mène sa thèse sur le sujet de « l’économie de la fonctionnalité porteuse de nouveaux modèles économiques et sociétaux ». L'économie de fonctionnalité réside en la substitution de la vente d’un produit par la vente de son l'usage. La valeur du produit pour le consommateur résidant alors dans sa fonction (et donc de son usage) et non dans la possession du produit, c’est par exemple JC Decaux qui loue des Vélib’ au lieu de vendre des vélos. De manière plus précise, le doctorant s’interroge sur comment on applique une économie de fonctionnalité à des projets d’éco-mobilité et comment on l’applique dans des démarches ancrées au cœur d’un territoire. Son étude porte sur deux projets : • Le programme Mobisphere de l’UVSQ comprenant une flotte de vélos en libre-service, un service de cartographies interactives par réseau social et un service d’autopartage en peer-to-peer. • La mobilité dans la Communauté de communes Plaines et Forêts d’Yveline (CCPFY) comprénant une flotte de véhicules en autopartage et un service de co-voiturage. Ces projets qui s’inscrivent dans une perspective d’innovation verte intègrent différents acteurs : entreprises, collectivité, partenaires académique mais aussi tous les usagers directement concerné par ces nouveaux services de mobilité (autopartage, covoiturage...). La réflexion du doctorant porte sur le rôle de ces innovations dans les processus d’apprentissage d’une « mobilité plus verte » de ces acteurs et vise à mettre en œuvre une évaluation de ces nouveaux modèles comme outil d’aide à la décision. La méthodologie qu’il adopte se base sur la rencontre d’acteur à travers l’organisation de Focus Group, d’entretiens et dans une approche plus quantitative : la mise en place de questionnaires destinés aux usagers. Les thématiques des thèses des doctorants du Laboratoire REEDS interrogent le fonctionnement du territoire sous différents aspects : la question de la mobilité pour Benoit Mougenot et Borislav Antonov, des questions liées à l’ancrage territorial du côté des universités pour le sujet d’étude de Mathias Bouckaert et des entreprises pour Laetitia Fouossong et, enfin, ce sont des questions liées à l’énergie et à la transition d’un modèle économique qu’aborde Yoann Verger. Le développement territorial implique une multitude d’acteurs justifiant une approche et une méthodologie prenant en compte la multiplicité de ces parties prenantes, cette table ronde fut l’occasion revenir sur la pertinence des méthodes et outils permettant d’adopter une démarche participative face à des problématiques données.
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Article écrit par Aurélia Meyer (Etudiante Master MEDIATION UVSQ)