11. Les eaux superficielles
La dégradation de la qualité de l'eau par les polluants d'origine agricole (nitrates, pesticides) a suivi l'évolution de l'agriculture depuis la fin des années 70, et notamment le développement des grandes cultures au détriment des prairies.
L'amélioration de la qualité des eaux superficielles ces dernières années, notamment grâce à la réhabilitation de nombreuses stations d'épuration, ne doit pas faire oublier des situations toujours préoccupantes.
La Légère a toujours du mal, en raison de son très faible débit, à accepter les rejets pourtant épurés de l'usine Rhodia (matières organiques, matières azotées et phosphorées sont toujours très déclassants).
L'ensemble du cours de la Boutonne est classé zone sensible à l'eutrophisation. L'omniprésence des algues filamenteuses en été témoigne d'un surplus de matières azotées et phosphorées notamment, liées aux rejets des industries, aux effluents domestiques et à l'activité agricole.
A l'étiage, la traversée des zones urbaines (Saint-Jean-D'angély, Brioux-sur-Boutonne) pose régulièrement des problèmes bactériologiques.
L'unique point de mesure de Torxé indique des contaminations en pesticides parfois élevées, concordant avec les périodes d'apport intense et de ruissellement/lessivage important. D'une manière générale, c'est la pollution azotée qui constitue le paramètre le plus déclassant pour les eaux superficielles.
Les sources de pollution ponctuelles ou diffuses sont nombreuses : rejets industriels (distilleries, laiteries, conserveries, abattoirs...), effluents domestiques, pratiques agricoles (surfertilisation, élevages), populiculture et salmoniculture. Enfin, les faibles quantités d'eau à l'étiage et la dégradation progressive des conditions de dénitrification (milieux humides naturels, ripisylve) accentuent le phénomène. L'activité agricole joue donc un rôle important dans la pollution azotée, mais est loin d'être la seule responsable. Les teneurs moyennes en nitrates, dépassant 25 mg/l sur la totalité du cours, atteignent 50 mg/litres sur les portions amont des rivières du bassin (tableau ci dessous).
Evolution récente des teneurs moyennes et maximales en nitrates sur 6 pointsdu Réseau National de Bassin du bassin de la Boutonne
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Sites du RNB |
moyenne 1995-99 (mg/l) |
moyenne 2000-2005 (mg/l) |
maxi 1995-99 (mg/l) |
maxi 2000-05 (mg/l) |
1 |
Les Vinçons (Boutonne) |
25,5 |
26,3 (+) |
55,5 |
46 |
2 |
Torxé (Boutonne aval St Jean d'Angély) |
24,1 |
25,4 (+) |
54 |
47 |
3 |
Saint-Julien de l'Escap (Boutonne) |
24,9 |
28,5 (+) |
40,5 |
45 |
4 |
Pont des Loges à Séligné (Boutonne) |
32,4 |
38,7 (+) |
54 |
52 |
5 |
Pont de Brioux-sur-Boutonne (Boutonne) |
38,4 |
45,4 (+) |
60 |
56 |
6 |
Lavoir de Chef-Boutonne (Boutonne) |
|
53,9 |
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66,5 |
Source : Agence de l’eau Adour-Garonne
Localisation des 6 points de mesures RNB sur le bassin de la Boutonne
Source : Agence de l'eau Adour-Garonne, 2005
Globalement, la pollution des eaux superficielles par les nitrates décroît vers l'aval. En amont, les faibles débits, la dominante superficielle du drainage (sols argileux), la présence plus marquée de l'élevage (et l'absence de prise en compte des effluents d'élevage) sont des éléments d'explication des fortes contaminations. En aval, la pression provient essentiellement des grandes cultures. Les sols filtrants et la perméabilité du substrat y accentuent les transferts directs préférentiellement en direction des eaux souterraines. En termes de flux azoté, la pollution moyenne de 25 mg/litres à l'exutoire de la Boutonne demeure élevée.
Elément préoccupant, tous les points de mesure expriment une dégradation de la situation entre la période 1995-1999 et 2000-2005, du point de vue des valeurs moyennes.
Source : Agence de l'eau Adour-Garonne, 2005