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Séminaire mensuel REEDS du 5 juin 2012 de 14h00 à 16h00 à l'OVSQ
DETAILS
Arnaud BRENNETOT, MCF en géographie politique, Université de Rouen, UMR CNRS 6266 IDEES, équipe MTG.
http://www.umr-idees.fr/spip.php?article149
interviendra sur le thème :
Titre : Aménagement, normes et idéologies. L’exemple de la géoéthique néolibérale.
Toute politique d’aménagement territorial repose sur des conceptions morales de l’espace idéal. La dimension éthique de l’action territoriale, que je propose de nommer « géoéthique », se manifeste en alors dans les efforts qu’accomplissent les habitants d’un territoire pour le perfectionner et le conformer aux idées qu’ils se font de ce qui est juste. En partant de l’exemple de la presse magazine d’actualité, il est ainsi possible de montrer la variété des attentes et des aspirations géoéthiques qui caractérisent l’opinion publique en France. Le pluralisme qui ressort de l’observation du discours médiatique résonne alors avec la façon dont les responsables politiques, les aménageurs mais aussi les chercheurs académiques envisagent de leur côté la justice spatiale. Toutes ces convictions renvoient à des idéologies et à des doctrines géographiques dont il est possible de suivre la généalogie. Dans cette communication, les fondements géoéthiques du néolibéralisme seront examinés à titre d’exemple dans leur dimension multiscalaire afin d’exhumer les racines morales qui fondent cette idéologie particulièrement influente mais souvent perçue avec confusion. Si le néolibéralisme semble bien être à la fois un ensemble de convictions morales et un cadre politique pour l’action territoriale, les conditions historiques de son émergence, de même que son contenu doctrinal paraissent en effet moins simples que le tableau dressé par la plupart de ses contempteurs actuels. Beaucoup d’affirmations qui accompagnent aujourd’hui la critique du néolibéralisme méritent en effet une mise en discussion. Faire remonter le tournant néolibéral aux années 1970 comme le font la plupart des commentateurs et présenter les politiques mises en oeuvre aux États-Unis et au Royaume-Uni à l’époque de R. Reagan et de M. Thatcher, voire à celles déployées quelques années auparavant dans le Chili d’A. Pinochet ou la Chine de D. Xiaoping, comme la matrice de la gouvernementalité néolibérale procède d’une réduction qui bloque en partie les possibilités d’une pleine et rigoureuse compréhension de la dimension géohistorique de la doctrine en question. L’examen des convictions géoéthiques exprimées par les premiers penseurs néolibéraux sera alors l’occasion d’éclairer sous un nouveau jour les formes contemporaines de la gouvernance néolibérale des territoires.
Contacts : Bénédicte RULLEAU, MCF en Sciences Economiques benedicte.rulleau@uvsq.fr et Guillaume BAILLY, MCF en Géographie guillaume.bailly@uvsq.fr