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Un observatoire rétrospectif d'une société archéologique La trajectoire du néolithique Rubané : Une reconstitution par simulation informatique de la trajectoire de la civilisation des premiers agriculteurs de l'Europe du nord.
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Les trajectoires pluri-millénaires de quelques sociétés, dont on sait qu’elles expérimentèrent des changements environnementaux sensibles, sont relativement bien connues mais la compréhension de leurs évolutions et de leurs disparitions et / ou transformations est encore loin d'être complète. Il s’agit de sociétés essentiellement agricoles telles les Mayas en Mésoamérique, l'Indus ou la culture « Rubanée » (appelée LinearBandKeramik ou LBK) en Europe du Nord durant le Néolithique (5750-4750 BC cal). Cette dernière société est la première à introduire l'agriculture dans le Nord de l'Europe, et par là, à avoir été susceptible d'avoir transformé radicalement le milieu qu'elle colonisait.
La création d'un observatoire rétrospectif, OBRESOC, chargé de collecter des données et d’analyser les trajectoires socio-naturelles de cette société, a été rendu possible par un financement de l'Agence Nationale de la Recherche pour une période de trois ans (2010-2013). Ce projet rassemble 7 équipes partenaires dans un cadre transdisciplinaire, regroupant climatologie, botanique, zoologie, écologie, démographie, archéologie culturelle & socio-anthropologie, économie et modélisation informatique.
OBRESOC porte le double objectif (i) interdisciplinaire, de compiler et de formaliser les informations sur les différentes composantes de cet environnement socio-environnemental et de l'histoire de cette société du passé ; (ii) transdisciplinaire, par l'utilisation d'outils de modélisation socio-spatiale, dite multi-agents, de reconstituer virtuellement cette société dans son environnement grâce aux informations compilées.
OBRESOC s'est donné pour ambition de formaliser la trajectoire de la société dite LBK , trajectoire certes connue globalement en terme de quantité de données et d'informations.
Cependant, la complexité de l'organisation de toute société, et de son lien avec son environnement agro-écologique, implique que nombre de liens, de relations restent inconnues, relations pourtant cruciales pour la compréhension de la puissance d'expansion, puis de l'effondrement brutal de cette société homogène sur presque toute l'Europe du Nord. Dès lors, les deux objectifs du projet se complètent :
- Une formalisation de l'information disponible sur cette période, par la constitution de bases de données et de chronologies les plus précises possible tant spatialement que temporellement : la dynamique des climats, des environnements phyto-agro-écologiques reconstituant ainsi le décor dans lesquelles s'implantèrent ces populations, l’historique des sites villageois et de leurs pratiques telles que l'archéologie actuelle peut en déduire (pratiques agropastorales, de chasse, architecturales, sociales, etc.).
- Une reconstruction de cette société par modélisation sociale spatialisée : nous construisons un modèle informatique dans lequel est simulé virtuellement le climat et le paysage agro-écologique que l'on rencontrait sur différents sites d'étude, puis y est introduit une société agropastorale virtuelle. Ce modèle diachronique devrait permettre d’appréhender la réactivité et le degré de résilience de cette société du passé.
Même si les informations sur les sociétés du passé sont incomparablement plus pauvres que celles qu’il est possible d’obtenir sur les sociétés du présent, cet observatoire rétrospectif couvre d’emblée de si longues échelles de durée qu'il permet de relier civilisation et tendances environnementales longues.
D'ores et déjà, par des séminaires réguliers, de nombreuses rencontres, le travail de mise en relation des connaissances des chercheurs travaillant avec différents regards sur ce même objet de recherche, cette civilisation rubanée, amène à formuler de nouvelles hypothèses sur les interrelations entre milieux et sociétés. Le processus, fondamentalement transdisciplinaire, de construction d'un modèle social est un formidable « révélateur de questions essentielles » , dans lesquelles les interrelations entre variables environnementales, agricoles et sociales montrent leur poids, leur effet de levier et leurs conséquences. La validation finale de ce modèle, une fois celui-ci construit, permettra de l'utiliser pour tester de nombreuses hypothèses scientifiques, dont la plupart sont les produits de la réflexion menée actuellement dans ce projet :
- formalisation et modélisation spatiale et temporelle des climats et des couverts végétaux sur différents sites-types archéologiques ;
- formalisation du système agro-sylvo-pastoral moyen de la civilisation rubanée (champs permanents associant céréales et lentilles; jardins maraîchers; important élevage, surtout bovin) et de ses déclinaisons en fonction des sites-types archéologiques identifiés ;
- formalisation des processus d'essaimage (petits hameaux autour d'un hameau-mère), et colonisation (installation de groupes humains à plusieurs dizaines de km du site initial).
Le projet se base sur la modélisation dite multi-agents. Ce type de modélisation, plutôt récent, est basé sur des agents, villageois et familles, dont le comportement est décrit par des règles.
Mimant ainsi le « jeu » des acteurs, leurs comportements et leurs interrelations, elle permet de faire apparaître le poids de variables sociales au sein de systèmes sociétés-milieux.
Combiné avec des automates cellulaires, une grille spatiale décrivant le « décor », la diversité spatiale et temporelle du milieu, elle est un outil précieux d'analyse et de questionnement des déterminants d'évolution d'une société agropastorale telle que cette civilisation rubanée.
Projet lancé en janvier 2010, fiche réalisée en mars 2012
Projet lancé en janvier 2010, fiche réalisée en mars 2012