La modélisation des exploitations agricoles en systèmes de production permet de mettre en évidence la fragilisation des structures familiales depuis les années 1970, tant du point de vue économique que de l'exploitation des services écosystémiques, et l'émergence de « des services environnementaux » affaiblissant leur durabilité. En outre, dans les conditions actuelles du système, la réintroduction d'un ensemble complet de pratiques agroécologiques n'apparaît pas comme une alternative économique viable pour les agriculteurs.

Toutefois, grâce à l'emploi de scénarios d’anticipation, nous montrons qu'il est possible de cibler les « fonctionnements » manquants aux producteurs qui leur permettraient d'initier des transformations élémentaires. De plus, en situant l'analyse à l'échelle de la communauté, nous mettons en évidence des formes de coordination endogène – des arrangements institutionnels – qui pourraient favoriser des changements au sein du système pour l'orienter sur la voie de l’agroécologie.
 

1) Les opportunités crédibles de changement résident dans des systèmes de production où seules quelques pratiques conventionnelles sont remplacées par des pratiques agroécologiques qu’ils peuvent effectivement maîtriser. Celles-ci concernent principalement les pratiques liées à la culture d’engrais verts (fertilisation verte, semis ou repiquage direct, etc.).

2) Par contre, aucune transition n’est possible en l’état actuel, car la liberté d’action des agriculteurs familiaux est contrainte par la privation de l’une de ces dispositions. Plus précisément, ils n’ont pas les moyens de réagir suffisamment rapidement à l’émergence de fenêtres d’opportunité lors desquelles les quantités de surface et de force de travail permettraient d’installer les nouveaux systèmes de culture.

3) Pour développer leur ensemble de capabilité, notre analyse montre qu’il serait nécessaire de faciliter l'accès aux semences de cultures d’engrais verts, dont ils connaissent déjà les potentialités agro-écosystèmiques, sur les marchés locaux, mais aussi de favoriser les échanges avec les chercheurs et les quelques autres agriculteurs qui maîtrisent leurs caractéristiques agronomiques.

4) Au niveau institutionnel, la transition agroécologique est conditionnée par un rapprochement entre les différents « niveaux » définis par l'approche MLP (Multi-Level Perspective).

5) Les agriculteurs familiaux s’organisent de manière à coordonner leurs actions avec diverses institutions, à l’intérieur et à l’extérieur des communautés de la région et ce, en réponse aux contraintes exercées par leur environnement institutionnel, interprété ici en termes de niches, régime socio-technique et paysage socio-technique.

6) Le développement local subit l'influence de plusieurs transitions simultanément, telle la poursuite de l’intensification technologique et l’intensification écologique des systèmes de production. Mais, dans les deux cas, elles demeurent à des stades encore peu avancés.
 

• Conception d'un modèle d’analyse des pratiques agricoles fondé sur une représentation classique des systèmes de production agricoles et sur l’interprétation de leurs interactions avec l’agro-écosystème en termes de fonctions et de services écosystémiques.
• Plus de cent entretiens auprès d'agriculteurs et divers acteurs institutionnels dans une dizaine de communautés rurales du Sud-est brésilien.
• Analyse prospective permettant d'identifier les réactions d’anticipation des agriculteurs familiaux face à des schémas d’évolution du SP3 proposés sous forme de scénarios, nous avons mis en évidence leurs dispositions (disposition à anticiper leur maîtrise des nouvelles pratiques, dispositions matérielles et techniques et dispositions contextuelles) à intégrer des nouvelles pratiques inspirées de l’agroécologie.
• Analyse du rôle des institutions locales dans la dynamique générale du changement grâce aux approches MLP (Multi-Level Perspective) et IAD (Institutional Analysis and Development framework).