Que signifie une exploitation agricole durable ?
Une définition largement partagée est celle de LANDAIS qui propose de qualifier une exploitation de durable si elle est « viable, vivable, transmissible et reproductible » (LANDAIS, 1998).
Pour Gafsi (2006), cette définition, largement partagée dans la littérature anglo-saxonne (Hansen, 1996; Kruseman et al., 1996) qui insiste sur la viabilité de l'exploitation agricole ou, ce qu'appellent Godard et Hubert (2002) « la durabilité auto-centrée ». Il s'agit de la capacité de cette exploitation à produire dans le futur, en entretenant les ressources naturelles et le capital humain (formation, compétences, etc.). Mais Godard et Hubert (2002) rajoutent, tout en reconnaissant l'importance de ce premier aspect de la durabilité, une seconde dimension relative au contexte extérieur du système d'exploitation agricole. Il s'agit de la contribution de ce système d'exploitation à la durabilité du territoire auquel il appartient. Cette seconde composante comprend donc l'insertion dans l'économie locale ; l'offre des services de proximité ; le maintien et la création de l'emploi en milieu rural ; production de services environnementaux ; etc. Cette seconde composante de l'agriculture durable, qui constitue indéniablement l'originalité de l'approche française de la durabilité, est au coeur de la multifonctionnalité de l'agriculture. La multifonctionnalité correspond à l'idée que l'agriculture, outre la production d'aliments et de fibres, fournit « toute une série de produits autres que les produits de base, tels que les aménités rurales et environnementales ou la sécurité des approvisionnements, et contribue à la pérennité des zones rurales » (OCDE, 2001).
Nous proposons dans le paragraphe suivant de revenir sur ce concept de multifonctionnalité.