14.3 Les associations d’irrigants, premiers acteurs d’une meilleure gestion quantitative sur la Boutonne
Sur le bassin versant de la Boutonne, plusieurs associations d’irrigants œuvrent pour une gestion plus équilibrée de la ressource en eau, en étroite collaboration avec les Chambres d’Agriculture.
Les irrigants, touchés chaque année par les assecs estivaux des rivières et la baisse des nappes d’accompagnement, ont tout intérêt à préserver un bon équilibre quantitatif de la ressource en eau. Ils s’organisent en associations pour mettre en place des programmes de gestion volumétrique, optimiser les apports et réduire les consommations, porter des projets de création de réserves de substitution (solution encouragée par le SDAGE, le SAGE Boutonne et le PGE Charente).
a) Les actions engagées
Les actions engagées par les associations d'irrigants du bassin de la Boutonne (Source : Enquêtes)
Dpt |
Nom de l’association |
Actions mises en œuvres, projets |
Charente Maritime |
Association Syndicale libre Boutonne 200 adhérents en 2005 |
§ Gestion volumétrique, depuis 2002 § Surfaces irriguées réduites de 15 % § Efforts de maîtrise de consommations et d’optimisation des apports (régulation électronique, turn corner…) § Avertissements hebdomadaires irrigation envoyés par la CA § Suivi hydrométrique par installation de tensiomètres § Projet de création de 25 réserves bâchées de 6.5 millions de m3 |
Deux-Sèvres |
Association du Val de Boutonne 47 adhérents en 2005 nappe d’accompagnement |
§ Gestion volumétrique depuis 1997 § Surfaces irriguées réduites de 30 % § Irrig’Info hebdomadaire pendant 12 semaines § Projet de création de réserves de substitution (cf. Boutonne Eau Plus) |
Association Boutonne Infra 47 adhérents en 2005 Nappe Infra Toarcienne |
§ Gestion volumétrique depuis 1997 (250m3/ha/sem) § Programmes d’amélioration matérielle (canons retour lent) § Irrig’Info hebdomadaire pendant 12 semaines § Projet de création de réserves de substitution (cf. Boutonne Eau Plus) § Projet de substitution au pompage dans l’Infra-toarcien en compensation de l’utilisation de la nappe pour l’AEP (1.4 M m3) |
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Association Boutonne Eau Plus Association du Val de Boutonne, Association Boutonne Infra, Association départementale des irrigants et le syndicat d’eau potable
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§ Porteuse du projet de réserves de substitution pour la partie 79 du bassin de la Boutonne § Projet de 19 sites de stockage (volume 2.1 millions de m3), étude de faisabilité faite |
b) L’Association Syndicale Libre Boutonne en Charente Maritime
L’ASL Boutonne a mis en place depuis 2002, en collaboration avec la Chambre d’Agriculture de Charente Maritime, la gestion volumétrique. Cette gestion s’applique chaque année sur la période du 15 juin au 15 septembre. C'est une démarche volontaire qui regroupe près de 200 exploitations, soit 90 % des irrigants et 90% des surfaces irriguées de la partie charentaise de la Boutonne. Le secteur d’action comporte 62 communes.
Afin de faire face à la situation de crise annuelle, la première action fut de bloquer les surfaces en maïs irrigué. Parallèlement, en fonction de l'état de la ressource, l’association attribue à ses adhérents un quota de prélèvement par hectare de référence en début de campagne d’irrigation. Ces volumes attribués ne sont jamais consommés totalement. En trois ans, les surfaces irriguées ont diminué de 15%. Ce mode de gestion se manifeste par un protocole signé chaque année entre l’association, la Chambre d'Agriculture et la DDAF.
En partenariat avec l’agence de l’eau, des améliorations matérielles visant à maîtriser les consommations, supprimer les fuites et optimiser les apports ont été mises en place :
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le compteur volumétrique fut la première étape;
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le canon retour lent,
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la régulation électronique,
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le turn corner…
De plus, une action innovante a été engagée en partenariat avec Arvalis-Institut du végétal : des tensiomètres ont été positionnés sur le bassin afin d’estimer le stress hydrique. Il s’agit d’appareils qui mesurent la force de rétention de l’humidité par les particules de sol. Plus le sol s’assèche, plus l’humidité est retenue fortement aux particules et moins elle est accessible aux plantes. On peut utiliser les tensiomètres pour déterminer le début d’un stress hydrique et le moment propice à l’irrigation.
Les avertissements irrigation, établis et envoyés chaque semaine durant la campagne irrigation par la chambre d'agriculture aux irrigants, basés sur ces relevés tensiométriques, permettent d’affiner les périodes et quantités d’apport aux plantes selon leurs besoins.
L’ASL Boutonne est porteuse d’un projet de création de 25 retenues de substitution et insiste sur le rôle des ouvrages et des biefs dans le ralentissement de la vitesse d’écoulement de l’eau.
c) L’Association Val de Boutonne
Sur ce territoire de 43 communes dans les Deux-Sèvres, l’Association Val de Boutonne a mis en place la gestion volumétrique depuis 1997. Elle est ainsi parvenue à une maîtrise poussée des attributions de quotas, au point de les réattribuer de façon hebdomadaire selon le niveau d’alerte, durant les 12 semaines de la campagne d’irrigation estivale. Selon ce principe, chaque irriguant se voit attribuer un quota de prélèvement hebdomadaire basé sur un coefficient (de 0.6 à 1.4 selon l’état de la ressource). Sur ce secteur, c’est donc l’optimisation des périodes et des quantités d’apport qui sont le premier outil d’une gestion équilibrée.
Depuis la mise en place de la gestion volumétrique, la surface irriguée a été réduite de 30%, pour couvrir aujourd’hui 1200 hectares (maïs essentiellement).
Tous les espoirs sont portés dans le projet de retenues de substitution porté par Boutonne Eau Plus.
d) L’association Boutonne Infra
Sur le même territoire que val de Boutonne (43 communes), L’association Boutonne Infra regroupe 47 adhérents qui prélèvent de l’eau dans la nappe captive de l’Infra-Toarcien. La gestion volumétrique a été mise en place en 1998-1998, après installation des compteurs. Durant 10 semaines, 250 m3/ha sont attribués à chaque irrigants. En présence d’un arrêté de limitation des prélèvements, ce quota est ajusté au niveau d’alerte : 66 % en alerte 1, 50 % en alerte 2, 33 % en alerte 3.
Les irrigants ont également bénéficié d’améliorations techniques (canons à retour lent), grâce à un appui financier de l’agence de l’eau. Ils reçoivent le bulletin Irrig’Info adapté à leur territoire et à leur pratique.
L’association milite également en faveur de la création de réserves de substitution, en étant partie prenante du projet Boutonne Eau Plus, qui devrait fournir 2.1 millions de m3 de réserves.
Suite à la cimentation de secteurs de drainance entre Dogger et Infra-Toarcien, l’amélioration de la qualité de l’eau de la nappe infra attire les syndicats d’alimentation en eau potable. Un projet prévoit ainsi la réquisition de forages agricoles pour l’AEP, avec, en compensation, la création d’1.4 M m3 de réserves de substitution.